Climatologie

Le climat de la terre n'est qu'un état transitoire, un point mobile sur la courbe d'une évolution toujours en marche, les phases froides alternant avec les phases chaudes. Le lien est étroit entre les changements climatiques et la vie des sociétés humaines.

Le Néolithique est considéré aujourd'hui comme un ensemble de divers éléments culturels nouveaux par rapport à ceux réglant la vie des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique (domestication des plantes et des animaux, utilisation de la poterie). Ces éléments sont apparus au Sahara, avant même leur apparition au Moyen-Orient, suite au renversement climatique enregistré dans l' Afrique au nord de l' équateur à la fin de la dernière période glacière. Le retour des pluies a permis a des populations de Noirs et de blancs de s' établir dans la région du Sahara et d'y trouver d' importantes ressources alimentaires végétales et animales.

Datation : les dates sont données avec la notation BP (Before Present), il convient de préciser qu' il s' agit d' un présent conventionnel fixé à l' année 1950 (date à laquelle la méthode de datation par le carbone 14 a commencé à être régulièrement utilisée).

La disparition du désert  40 000 BP - 20000 BP

Au cours de cette période le désert semble presque avoir disparu sauf lors de  deux crises climatiques arides. Un peu avant 20 000 ans  l'humlidité atteint son maximum. Les régions actuelles du Tchad, de la Mauritanie et du Niger se couvrent de lacs.

Les hommes de la civilisation  l'atérienne se déployent sur toute l'immensité du Sahara et notamment dans la région de Djanet et de l'erg Tihodaïne. On peut trouver de nombreuses traces de ces populations de chasseurs-cueilleurs sur environ 200 sites répertoriés. 

Climatologie.jpg

Aride Post Atérien 20 000 BP - 10 000 BP 

Des conditions climatiques d' une très grande sévérité s'installent à partir de 20 000 ans BP, début de la dernière glaciation, sur l' ensemble du Sahara qui va se dépeupler. Cette aridité enregistre des températures de 4 à 8 °C plus basses qu 'aujourd'hui. Le Sahara s' étend 500 Km au sud de sa frontière actuelle. De l' atlantique à l'Ethiopie des cordons de dunes barrent les fleuves Sénégal, Niger et le Nil. Il est probable que certains habitats résiduels se sont maintenus à la faveur de quelques microclimats. Il faut imaginer ces populations résiduelles luttant pour la survie, vivant de presque rien comme savent le faire les Sahariens. Le massif éthiopien est certainement habité. Les linguistes y situent l' origine du groupe linguistique Afro-asiatique.

La fonte des glaces débute vers 15 000 et se tranforme en véritable débacle après 12 000., La déroute du désert est presque aussi spectaculaire. Mais la période entre 13 000 et 11 000 est marquée par des crises climatiques, des épisodes brefs, mais accentués de modifications du climat, connues sous le nom de crises du Dryas (du nom d'une petite plante de la toundra).  Cette période de crises s'achève vers 10 000 et marque le passage vers l'interglaciaire actuel et le début de l'Holocène, dernière période géologique encore en cours. 

_MG_6584a.jpg

L'optimum climatique 10 000 BP - 4 500 BP

Au nord les pluies de type méditerranéen descendent vers le sud. Au sud les pluies de mousson remonte vers le nord, la limite étant à peu prés le tropique du cancer (le 22 eme parallèle exactement).

Dans le Sahara méridional les pluies abondantes ont provoqué la montée des eaux et permis l' apparition d' une flore et d' une faune tropicale. Le lac Tchad devient le Paléotchad ou Mégatchad formé d' un ensemble de lacs et de marais et couvre alors une surface supérieure à celle de la France atteignant le bord du Tibesti. A la fin de la période un autre lac dit des Pays-Bas du Tchad, situé sur l' emplacement actuel du Borkou, indique une période encore plus pluvieuse. Ses rives sont à moins de 200 Km de la bordure occidental de l' Ennedi. L' érosion joue à plein et les ouadis de l' Ennedi s' enfoncent dans de profondes gorges.

La plaine est le domaine de la savane arborée arrosée par de bonne pluies tropicales avec des regroupements plus denses le long des cours d' eau. Dans ce milieu évoluent l' éléphant, grand consommateur feuillus, le rhinocéros friand de graminées, ou l' hippopotame qui préfère les herbages des bords de marécages. Ce sont les grands pachydermes que les peintures vont immortaliser. Au nord l' ambiance générale est semi-désertique à l' exception des massifs. Les points d' eau sont cependant assez nombreux pour que les zones désertiques puissent être traversées sans problème.
sahara-anciens-lacs

Source : Astrosurf 

Les événements climatiques - Aride mi-Holocène

Cet eden qui a favorisé l' apparition de techniques nouvelles (céramiques, agriculture) est freiné par des changements  climatiques abrupts, des pulsions  sèches. L'événement 8200 BP vers 8200 BP comme son l'indique et l'événement de Bougdouma-Oyo vers 7200 BP. Les zones lacustres se réduisent considérablement, les fleuves de l'Aïr, du Tibesti, du Djado et de l' Ennedi qui coulent vers le Tchad enregistrent une baisse sensible. Le Paléotchad se retire, laissant des croûtes calcaires, (on note même un assèchement total entre 7 300 et 6 900 BP pendant une phase hyper-aride sévère particulièrement sensible dans la région du Tibesti). Le Sahara septentrionale (notamment le désert égyptien) commence son dessèchement qui sera progressif jusqu 'à 5 000 BP environ. La vallée du Nil qui était inondée toute l' année durant la période de grande humidité commence à se repeupler. Les populations réfugiées dans les différents massifs commencent à se déplacer. Des sédentaires noirs s' établissent au bord des lacs et des rivières vivant essentiellement de la pêche, de la chasse et de la collecte des graminées sauvages.

Guelta Archei
Guelta Archei
Goufre de Koboué
Goufre de Koboué
Guelta Arakao
Guelta Arakao
Tassili
Tassili

Retour de l'humidité  6 500 BP - 4 500 BP

Après ces événements arides les lacs retrouvent une plus grande extension, le climat est plutôt subtropical, la mousson regagne du terrain en remontant très haut jusqu 'à la latitude du Tassili N' Ajjer, le Sahara a un aspect de savane. De nouveau les oueds creusent leurs lits. La grande faune avec ses hippopotames et ses éléphants existe toujours. Le Tassili N'Ajjer bénéficie de deux régimes de pluies, celui du front polaire et celui de la mousson qui règne sur sa partie méridionale. Mais malgré le retour de la mousson les pluies sont réduites et peu violentes. Cette diversité de climat a permis à des plantes d' origine méditerranéenne comme le cyprès, le myrte, l' olivier ou encore la lavande de côtoyer des espèces tropicales. On assiste durant cette période à un épanouissement pastoral sans égal. Les pasteurs-artistes atteignent l' apogée dans l' expression de leur art. 

akakus-7a
akakus-19

Aride post-néolithique 4 500 BP

L' aridité gagne le Sahara qui est de nouveau happé par le désert et il va le demeurer jusqu 'à nos jours. La grande faune disparaît. L' aridité ne cessant de s' aggraver, le peuplement saharien se concentre autour des derniers îlots de fraîcheur ou bien migre vers les bords, notamment au sud dans la zone sahélienne.La plaine péri tchadienne (Nigeria, Tchad, Cameroun) inondée en permanence commence à s' assécher et connaît les premières installations humaines autour de 3 500 BP. Vers 4 500 BP à l' heure où la vallée égyptienne entrait dans l' histoire grâce aux textes hiéroglyphiques, le reste du Sahara demeurait dans la préhistoire. La tragédie de la sécheresse actuelle s' est donc amorcée il y a 5000 ans. Mais si l'Egypte avait le Nil pour y échapper et devenir l' un des plus grands empires du monde, le Sahara, après avoir donné naissance à une civilisation précoce et riche de promesses devait renoncer à toutes ambitions. Il reverdira certainement un jour comme le prévoit la paléoclimatologie.

Une nouvelle phase humide  ramène quelques pluies vers 3500 BP, mais beaucoup plus faibles que lors des périodes précédentes. La faune tropicale a presque complètement disparu. Les pâturages sont plus maigres, les moutons et les chèvres commencent à remplacer les boeufs. Les installations humaines se multiplient dans le Sahara méridional tandis que le Sahara septentrional se désertifie de manière inéluctable.
aoue1
Plaine d'Aoué - Ennedi
Le climat actuel

Dans l'évolution des climats sahariens, la stabilité n'existe pas aussi bien à l'échelle du ballet des phases humides et arides qu'à celle des derniers millénaires ou à l'échelle humaine. Cette évolution est toujours repréentépar des courbes en "dents de scie" qui masquent parfoisla tendance profonde. Ces courbes sont la version moderne des traditions orales rapportant las séries d'années de vaches grasses ou maigres. (Pierre Rognon) 

L' Ennedi est situé en zone tropicale sahélienne, ce qui lui vaut d' être soumis à un climat typiquement sahélien caractérisé par l' alternance d' une très courte saison des pluies (5 à 6 semaines) et d' une très longue saison sèche. La saison des pluies se place toujours en été. Tout le rythme de la Nature est ainsi sous la dépendance des pluies d' été. Celles-ci en quelques jours modifient radicalement le paysage. Les étendues sablonneuses pelées et désertiques se métamorphosent en vertes et opulentes prairies.

Le climat actuel du Tassili N'Ajjer est qualifié par les spécialistes de désertique, montagneux et continental. Faiblesse et irrégularité des pluies, mais températures sans excès, état hygrométrique très peu élevé et intense évaporation tels sont les traits climatiques de ce plateau et sa région. Plus sec que le Hoggar, le Tassili N'Ajjer entre dans la catégorie des déserts hyper arides du globe. Les précipitations sont très irrégulières, surtout ces dernières décennies, ainsi Illizi a vécu 47 mois de sécheresse et Djanet 30 mois.